Le gouvernement yéménite a annoncé dimanche qu’il suspendait les pourparlers « directs » avec les rebelles chiites et leurs alliés à Koweït après la prise par ces derniers d’une base militaire en violation de la trêve fragile dans le pays.
La délégation gouvernementale restera cependant à Koweït et poursuivra des négociations indirectes via le médiateur de l’ONU Ismaïl Ould Cheikh Ahmed, a déclaré à l’AFP un haut responsable gouvernemental.
L’émissaire onusien avait réussi samedi à organiser des pourparlers directs, les premiers depuis le lancement des négociations le 21 avril, selon des membres de cette délégation.
« Nous avons décidé de suspendre les pourparlers directs avec la délégation des comploteurs pour protester contre les violations continues du cessez-le-feu » décrété le 11 avril et « nous appelons l’ONU à agir sérieusement pour mettre fin à ces violations qui menacent de saper les pourparlers de paix », a ajouté le responsable.
Selon lui, « les contacts se poursuivront avec le médiateur de l’ONU et avec les parrains » du processus de paix.
Ce développement est intervenu au lendemain de la prise par les rebelles chiites Houthis d’une importante base militaire du nord.
La base des Al-Amaliqa, dans la province d’Amrane, a été reprise par un millier de rebelles Houthis et leurs alliés, selon des sources militaires. Les commandants de la base, située en territoire rebelle depuis 2014, avaient « choisi la neutralité » dans le conflit qui ravage le pays.
« L’attaque contre la base (qui compte quelque 600 militaires) sape les consultations de paix à Koweït », avait prévenu plus tôt le ministre des Affaires étrangères Abdel Malak al-Mekhlafi, chef de la délégation gouvernementale aux pourparlers.
« Nous avons voulu être patients pour restaurer la paix dans notre pays. Mais nous répliquerons de la manière adéquate à ce crime des Houthis », a-t-il ajouté sur Twitter.
Les protagonistes s’accusent régulièrement de ne pas respecter la trêve.
Les forces gouvernementales ont indiqué dimanche avoir recensé « 3.694 violations par les Houthis et leurs alliés » qui, eux, ont évoqué « 4.000 violations » de leurs adversaires.
En mars 2015, le conflit au Yémen a pris une dimension régionale avec l’intervention d’une coalition arabo-sunnite dirigée par l’Arabie saoudite pour aider le régime à chasser les rebelles des territoires conquis, dont la capitale Sanaa.
Le porte-parole des rebelles Mohammed Abdessalam a annoncé samedi que l’Arabie saoudite avait libéré 40 partisans de son groupe.
Depuis mars 2015, le conflit a fait 6.400 morts, pour la moitié des civils selon l’ONU.